Ce petit village au bord de la Nam Ou n’est toujours joignable qu’en bateau. Il y’a bien une pseudo route qui relie cette minuscule bourgade au reste du Laos, mais elle est, aux dernières nouvelles, détruite. C’est donc entassé comme des poules que nous remontons la rivière à bord d’une frêle embarcation à ras de l’eau. On atteint Muang ngoi neua après une heure de navigation et découvrons un village qui semble toujours être figé dans le temps. Semble seulement, car si la route est encore en terre, l’électricité elle, fonctionne dorénavant 24h/24, ce qui n’était pas le cas il y a quelque année. Par hasard, nous rencontrons Luc, en français qui coule des jours heureux en Asie. Il projette de s’établir ici car il a rencontré une jeune femme de 30 ans sa cadette… En attendant, il concocte des petits plats dans un restaurant tenu par Tan, une Laotienne, mariée à un allemand. C’est en se régalent d’un buffalo bourguignon que nous en apprendrons un plus sur les mœurs et coutumes locales. Se marier à un étranger est un business florissant et nombreuses sont celles qui tombent « amoureuses » des jeunes et moins jeunes célibataires. Les garçons, attirés comme par le chant des sirènes semble être nombreux à tomber dans le panneau. Ä coup de 10'000 euro la dote, ça fait beaucoup de beurre dans le riz gluant pour la famille…surtout si par chance, ton mari décide de mettre les voiles et que dans la foulée tu épouses un nouveau touriste en perdition comme notre logeuse croqueuses d’hommes et de dollars ! Voilà notre cher Luc prévenu, on lui souhaite bien évidemment de trouver le bonheur… On décide de partir passer une nuit dans un village un peu plus reculé, Huay Bo, où un ami à Mathieu à aidé financièrement à la reconstruction de l’école et à l’installation d’un réservoir d’eau qui permet aux villageois d’avoir l’eau courante et 4 points d’eau pour se laver plutôt que d’aller à la rivière. La balade est belle à travers les rizières où pâturent vaches et buffalo, nous traversons à gaie quelques rivières dans lesquelles les habitants prennent leur bain entre les libellules et les papillons qui virevoltent dans tous les sens. Nous arrivons à Huay Bo en fin de journée et l’école est fermée. Nous avons pris avec nous des cahiers, des crayons, des règles et des stylos pour les élèves. Pas grave, nous tenterons notre chance demain. Nous rencontrons Mister Keo, le sympathique propriétaire d’une des deux guesthouse du bled. Il nous explique tout le bien et le confort que Pierre Thai a apporté aux villageois grâce à son projet. Nous partons ensemble visiter ses champs et recevons une courte initiation à la chasse aux oiseaux au lance pierres. Aucun n’animal ne sera blessé ou tué lors de cette phase, ouf. Pour finir, après 10 minutes de marches, nous enclenchons la lumière pour cette nuit, l’interrupteur est décidément bien loin de la maison, dans une cascade. Effectivement, des systèmes ingénieux de canaux et de turbines permettent d’alimenter individuellement chaque maison en électricité. On partagera un excellent souper en famille, un très bon moment avant de dormir dans notre cabane rudimentaire et froide. Au petit matin, Mister Keo nous annonce que la professeur est malade et que l’école est du même coup fermée. Cela nous fend le cœur de ne pas pouvoir distribuer nos affaires dans cet établissement, mais nous avons repéré dans un autre une seconde école qui ne doit pas être beaucoup mieux achalandée que celle de Huay Bo. On met donc le cap sur Ban… et distribuons notre modeste donation aux professeurs qui se chargeront de les distribuer aux élèves déjà tout sourires. Nous rentrons à Muang ngoi et passons une dernière soirée au restaurant de Tan, en compagnie de Luc. Nous reprenons un petit bateau casse cul pour Muang Khua, 5 heures de bonheur sur la Nam Ou coupée dorénavant en 3 par les barrages hydraulique de ChinaPower. Nous voici aux portes du Vietnam.